Articles avec #sous l'eau tag

Publié le 13 Mars 2022

Source : La Vie Hyéroise n°62 du 15 mai 1932
Patrimoine numérisé de la Médiathèque d'Hyères

 

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Publié le 5 Mars 2022

Var Matin du 3 mars 2022
Var Matin du 3 mars 2022

Var Matin du 3 mars 2022

 

 

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Publié le 26 Février 2022

Rédigé par HODIE

Publié dans #vidéos, #Sous l'eau, #Rade d'Hyères

Publié le 26 Février 2022

Suite tempête du 21 février 2022
Suite tempête du 21 février 2022

Suite tempête du 21 février 2022

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Rédigé par HODIE

Publié dans #La flore, #Ile du Levant, #Sous l'eau, #L'Ayguade

Publié le 21 Février 2022

Gastronomie

Comme un poisson dans l’aube

 
Tu mitonnes !
Jacky Durand
Libération du 17 février 2022

Illustration de Emmanuel Pierrot
 

Chaque jeudi, réveil des papilles et passage en cuisine. Aujourd’hui, on se lève de bonne heure et au bout du monde pour faire le pain et mariner la bonite.
Longtemps, on s’est couché tard et levé au plein midi. Vie de bouclage et d’après-bouclage. Maquette papier et tournées de houblon. Près d’un quart de siècle. A cette époque, on n’avait que faire du silence. Souvent on le méprisait. Au mieux, on l’ignorait en arpentant autour de minuit «la vis» de l’ancien parking de la rue Béranger, qui était devenu le siège parisien de Libération en 1987.
Et puis un jour, le silence nous a rattrapés dans un immense besoin de solitude et au début, sans s’en rendre compte, on s’est mis à se lever tôt. Il faut dire que la fréquentation de plus en plus assidue de nos petits bouts du monde nous a grandement aidés. Tôt comment, vous allez dire ? Forcément dans la nuit. Où ? Partout. A Paname sur le coup des trois heures du matin lors du premier confinement où l’on sirotait le mug de café soluble au-dessus des toits de Paris avant d’aller se planter au beau milieu du boulevard Beaumarchais, désert des Tartares urbains d’où l’on entrevoyait le feu follet des ambulances. Puis on s’en retournait dans notre perchoir près de la Bastoche en attendant le premier chant du merle au bout de la nuit. Mais en dépit du cri de l’oiseau, là encore on était dans la quiétude car notre silence à nous, c’est celui où les hommes se taisent.
On le savoure dans l’épaisseur des forêts vosgiennes, entre l’humus et le grès, non loin d’un étang serti dans une tourbière avec pour tout abri une maisonnette de bois où l’on rêve de raviver la braise de l’antique cuisinière avec un rondin de sapin en pleine nuit. Mais plus que tout, on aime le silence d’une île en Méditerranée. Là-bas, à une quinzaine de kilomètres de la côte où les lumières de la ville font une guirlande vacillante. Ici, point de lampadaires ou de voitures pour déchirer la fin de la nuit. Seuls le mistral et le ressac de la mer soliloquent, métronomes de la nature, ignorant superbement l’homme. Le silence de la montagne vous enveloppe. Celui de l’île vous laisse entendre que vous êtes à poil, qu’il faut se démerder tout seul. La tentation peut être grande de s’en remettre à l’addiction à la 4G des réseaux sociaux (eh oui, elle est arrivée…) ou des boissons enivrantes. Ou les deux à la fois. On sort sur la restanque pour aspirer une première bouffée d’air qui vous laisse les lèvres salées en envoyant un baiser à la lune pleine.
C’est l’instant de la naissance du pain. La farine, la levure, le sel, l’eau tiède. Pétrir encore et encore alors que monte ce parfum unique de la pâte qui rappelle celui des corps après l’amour. On la couvre délicatement avec un torchon de cuisine. Aura-t-elle commencé à lever quand surgiront les prémices de l’aube ? On met à tremper les petits haricots blancs qui feront le repas de midi. Une cuisson aussi dépouillée que sincère : une gousse d’ail et un brin de romarin du maquis avec au final, quelques grains de gros sel et un filet d’or d’huile d’olive. Uber et Deliveroo peuvent aller se faire foutre. On mangera bien meilleur à midi. Midi, façon de parler car on n’a pas d’horaires sur une île si ce n’est ceux du bateau qui rallie la côte. Tout à l’heure, on le verra poindre au loin, petite coque blanche dans les flots.
Un peu avant 7 heures, l’aube pointe, accentuant la colère de la mer qui gémit son écume blanche. A l’est, le ciel s’orange lentement, strié de délicats traits de nuages que l’on dirait dessinés à la plume. Nos songes nous emmènent vers le Levant, le cul de la Méditerranée, quelque part entre Tyr (Liban) et Fethiye (Turquie). On songe à un petit matin de thé noir et fort, après une cuite mémorable au raki, sur le pont d’Istanbul enjambant la Corne d’Or.
On divise la pâte à pain en deux pâtons que l’on voile à nouveau avec le torchon. Puis on monte sur la corniche. Dans le petit jour, on distingue les crassulas en fleurs et le jaune palissant des mimosas. Les pas crissent sur la terre avant de s’enfoncer sur un sentier incertain entre les rochers et de grosses racines. On songe aux mots de Henry David Thoreau dans Walden (1) : «Alors que je marche le long de la rive rocailleuse de l’étang, en bras de chemise bien que le temps soit frais, nuageux et venteux, et qu’autour de moi rien n’attire particulièrement ma vue, tous les éléments m’apparaissent extraordinairement familiers.»
Le vent s’époumone dans le maquis en pente. Et soudain, la mer et le ciel nous crachent leur aube en plein visage en un camaïeu de bleus qui vont de la teinte métallique des flots en d’infinies nuances de bleus pastel du ciel. Il faut encore enjamber les mamelons de la roche fauve et ferrugineuse de l’île pour atteindre notre ultime bout du monde, une crique jonchée de bois flottés où les eaux claires sont tapissées de minuscules bigorneaux. Les cormorans nous offrent un élégant ballet face à un bateau de guerre qui n’en finit pas de rouiller. Une brume légère caresse la côte et ses crêtes sombres. En arrière-plan, comme un mirage, on aperçoit une cime enneigée. Pour rien au monde, on échangerait ce bout du monde.
La lune tient encore tête au jour quand on enfourne notre pain. Il a été aussi paresseux à lever que l’on est piètre mitron. Mais il fera tout de même un petit-déjeuner acceptable avec l’ensorcelant miel corse offert par l’ami Nordine. Plus tard, dans la matinée, on frappe à la porte pour nous tendre deux belles bonites. En dépit de conseils experts, on est aussi maladroit qu’au fournil quand il s’agit de lever les filets carmin de ce poisson cousin du thon. Qu’importe, on étale sa belle chair dans un plat à four. Un jet copieux de sauce soja, un autre d’huile d’olive, le jus d’un citron vert, un pouce de gingembre, trois gousses d’ail émincées, une branchette de romarin. Le tout marine une grosse heure avant d’être enfourné à 180 degrés. La durée de la cuisson est affaire de goût. Mais vérifiez-la régulièrement au bout de dix minutes car le poisson doit rester tendre et ne pas sécher. Servez avec du riz, des pommes de terre vapeur. Vous pouvez évidemment varier cette marinade et l’appliquer à d’autres poissons.
Chaque jeudi, réveil des papilles et passage en cuisine. Aujourd’hui, on se lève de bonne heure et au bout du monde pour faire le pain et mariner la bonite.

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Publié le 14 Janvier 2022

Lophocladia lallemandii : une algue rouge invasive

 

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Publié le 30 Novembre 2021

 Coll. personnelle

 Flore Rousseau, danseuse, a été élue miss Levant en 1953

 

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Publié le 3 Novembre 2021

Rédigé par HODIE

Publié dans #Coupures de presse, #La faune, #Sous l'eau, #Méduses, #Cuisine

Publié le 31 Octobre 2021

LA MURÈNE DU BATEAU IVRE
« (…) Les yeux mi-clos, Rimbaud scrute l’or des rochers et le vert du maquis de l’île qui se rapprochent doucement tel un mirage posé sur l’onde bleue.(…) »
une chronique de Jacky Durand
 
Suite et fin

Après une nuit à contempler la voie lactée qui semble si proche dans ce haut lieu de solitude, sans éclairage public, ils vont relever leur piège. Jimi tire sur la corde avec précaution. Sans impatience. Il savoure la résistance de l’eau qui autorise tous les espoirs sur la présence ou non de poisson dans la nasse. La bête apparaît soudainement au fond du piège, aussi monstrueuse que fascinante : la murène à liseré jaune, long serpent à la peau d’or et de brun qui se tord frénétiquement en s’enroulant dans les mailles du filet. Elle pointe sa gueule cauchemardesque aux deux mâchoires terrifiantes (des plongeurs y ont laissé des bouts de doigts) qui engloutit les petits poissons, comme en témoigne les restes de l’un d’entre eux au fond de la nasse. Même Jimi recule à la vue de ce serpent de mer dont les Romains étaient si friands qu’ils les engraissaient dans des viviers d’eau marine. On rapporte que les plus cruels les nourrissaient en leur jetant leurs esclaves et leurs ennemis.

Rimbaud a beaucoup bataillé avec la murène avant d’en faire des darnes à la chair nacrée. Il les a mises à mariner avec de l’huile d’olive, du citron, de l’ail et du romarin sauvage. Il les pose sur les braises douces d’un feu d’arbousier. Lui et le chien hument les parfums, les goûts de la mer, du maquis qui montent jusqu’à leurs naseaux. Rimbaud ferme les yeux en écoutant le murmure du ressac. Lui reviennent des vers du Bateau ivre :
«Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l’autre hiver, plus sourd que les cerveaux d’enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.»

On ne vous souhaite pas de batailler avec une murène. Mais la préparation de Rimbaud (marinade puis cuisson au barbecue, à la plancha et au four) vaut pour d’autres poissons comme le congre et la dorade. »

Jacky Durand

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Publié le 31 Octobre 2021

LA MURÈNE DU BATEAU IVRE
« (…) Les yeux mi-clos, Rimbaud scrute l’or des rochers et le vert du maquis de l’île qui se rapprochent doucement tel un mirage posé sur l’onde bleue.(…) »
une chronique de Jacky Durand
Avec la complicité iconographique de Emmanuel Pierrot

« Chaque jeudi, réveil des papilles et passage en cuisine. Aujourd’hui, 20 000 mets sous les mers avec un poisson aussi monstrueux que fascinant et une recette de mulet sauce chermoula à la marocaine.

Rimbaud vient de prendre ses quartiers d’hiver dans le Sud. Avec Jimi, son chien-loup tchèque, il a quitté le pays d’Ardennes en s’accrochant à des trains de fret. Au mieux planqués sous des bâches. Ils ont eu froid, ont pris la flotte, redouté d’être découverts dans les gares de triage. Mais Rimbaud, toujours en manque de voyage, s’est enivré du vacarme et de la tempête de grand air de cette odyssée entre friches industrielles et nœuds ferroviaires. Il a serré très fort Jimi dans l’obscurité d’interminables tunnels. Il lui a dit qu’ils étaient des hobos, ces voyageurs clandestins des trains américains qu’il a découverts en lisant la Route de Jack London. Des copains lui aussi ont aussi raconté l’histoire des roads dogs, des mecs sillonnant l’Europe en passant les frontières clandestinement, à bord de trains de marchandise et dont la devise est «In the zone, under the radar and off the grid».

Rimbaud a attendu le bateau en dormant tout son saoul, sur la plage, la tête sur son vieux sac à dos Karrimor violet contenant tous ses biens du moment : un gros savon de Marseille, un sac de couchage, un paquet de riz, un tube de concentré de tomate, un autre d’harissa, un petit sac de sel, une bouteille d’huile d’olive, une gourde, son couteau de pêche, une boîte de Doliprane, des croquettes pour le chien au cas où il ne trouve pas de quoi becqueter dans la nature, quelques fringues, une serviette en nid d’abeille. Il a planqué ses sous dans sa ceinture portefeuille. Il a de quoi payer la traversée mais guère plus. Le grognement menaçant de Jimi l’a réveillé. En face de lui à bonne distance à cause du chien-loup tchèque, des cow-boys de la police municipale lui ont aboyé que les chiens étaient interdits de plage. Rimbaud s’en fout, c’est l’heure du bateau. Pour un peu, il remercierait ces condés d’opérette de l’avoir tiré de son profond sommeil.

Jimi a les deux pattes avant posées sur l’extrémité de la proue de la vedette. Il ressemble à un loup au sommet d’une crête. Fier et solitaire. Il se gave d’air marin, le museau vers le ciel et le poitrail gonflé. Les matelots ont beau goûter moyennement sa présence sur le bateau, le capitaine biche à la barre avec une telle figure de proue. Les yeux mi-clos, Rimbaud scrute l’or des rochers et le vert du maquis de l’île qui se rapprochent doucement tel un mirage posé sur l’onde bleue. Il n’aime l’eau qu’ici, loin des pluies froides du nord qui détrempent sa carcasse à longueur d’année. Rimbaud a l’impression d’avoir toujours vécu mouillé depuis son K-way de la cour de récré jusqu’à sa veste de combat M-43 sur le pavé glacé de la rue piétonne, les jours maigres de manche. Il s’allonge sur un banc du bateau pour contempler les manchons de ouate blanche des nuages qui s’étirent dans l’azur immobile.

Il est si serein qu’il ne voit pas venir l’accostage dans le port minuscule. Jimi trépigne de joie sur le pont avant de foncer sur la terre ferme et de japper comme un chiot en folie à la vue des chats roux ensauvagés qui prennent le soleil sur le toit de la capitainerie. Une main le salue depuis une terrasse. D’ici demain, tout le monde saura qu’il est là. Ici, il n’est pas le punk à chien mais simplement Jimi et son chien. On viendra lui demander un coup de main sur un chantier, remonter un mur de pierres sèches, restaurer une restanque ou une citerne d’eau de pluie, débroussailler un bout de jardin. Il aura quelques billets pour se nourrir, lui et Jimi, et aussi pour se prendre une mine les jours de grand vent.

Il est arrivé au bout de la corniche, là où il faut descendre un raidillon aux pierres incertaines qui embaume encore les herbes et les bois chauds de l’été. Jimi ouvre le chemin qu’il semble connaître depuis mille ans. Arrivé sur la terrasse, il se retourne vers Rimbaud qui ploie sous le poids de son sac à dos dans les derniers mètres de la descente avant de le poser enfin dans un long souffle de contentement. Le couchant orange la longue carcasse de la maison ouverte à tous les vents. Il n’y a personne mais on la dirait encore habitée. Du linge sèche pour l’éternité sous un filet de camouflage qui a dû protéger du soleil. Une sono abandonnée, une table encombrée de bouteilles, des vinyles en miettes témoignent des afters d’août. On a beaucoup graffé sur les murs. S’ils pouvaient parler, ils raconteraient l’histoire d’un ermite céleste qui longtemps habita frugalement ce vaisseau de béton au crépis d’ocre avec pour principale nourriture une bibliothèque cafie d’érudition. Les squatteurs qui lui ont succédé sont plus fugaces. Rimbaud sait qu’il aura la paix cet hiver quand il pose son sac à dos contre le vieux canapé défoncé installé sur une mezzanine. Il récupère sa nasse et sa boîte à pêche qu’il avait planquées l’hiver dernier dans le fouillis d’un cagibi.

C’est une pulsion plus forte que la fatigue causée par leur inconfortable voyage : il faut que Rimbaud et Jimi descendent jusqu’à la crique où les rochers fauves encore tièdes plongent dans une anse de bout du monde, couleur aigue-marine. L’homme et l’animal se mettent à l’eau sans hâte. Ils nagent côte à côte entre chien et loup. Jimi plante ses yeux dans ceux de Rimbaud comme s’il voulait lui dire «On est heureux hein ?» Il tient dans sa gueule la corde de la nasse tandis que Rimbaud scrute les fonds entre sable et rochers recouverts de leur chevelure d’algues pour trouver un lieu idoine pour poser sa nasse. Il fait quelques brasses, sort la tête de l’eau et ordonne : «Jimi lâche la corde maintenant.» La nasse dans laquelle il a placé du pain dur s’enfonce doucement dans les profondeurs. 

à suivre

En exclusivité, la nasse de Rimbaud (Photo F.C.)
 

 

 

 
 

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